lundi 12 octobre 2009

Le Mange-Femmes


Colosse au passé trouble, l’Ogre veut finir sa vie dans la baise la plus débridée. Il les a toutes eues ; enfin, presque toutes. A l’heure du bilan, quand son médecin lui annonce qu’il a contractée une maladie fatale, il se rend compte que des femmes manquent à son palmarès.
Il va alors se lancer dans sa dernière quête, explorer tous ses fantasmes, franchir tous ses tabous.

Christophe Siébert nous livre là un roman enlevé, à la puissance d'évocation sans concession : raconté à la première personne par le personnage principal, nous entrons directement et crûment dans l'action, en suivant les pérégrinations de l'Ogre.
Personnage énigmatique, il est aussi le médium par lequel Siébert nous montre son talent
d'écrivain. Au-delà du pornographe, il est aussi un talentueux styliste : son récit flirte
ainsi beaucoup avec le polar, et avec une admirable distillation des styles, Siébert jongle
pour nous maintenir en haleine.

L'auteur n'écrit peut-être que d'une main, mais quelle main !


Le Mange-Femmes,
éditions Media 1000, collection Erotiques d'Esparbec,
en vente à la librairie et sur internet

Extrait


Elle redescendait de son perchoir, un livre à la main. Ses longues cuisses
s'entrouvraient sous sa jupe de soubrette. Elle était toujours aussi grande
et toujours aussi snob.

- Vous devriez visiter le rayon supérieur de cette bibliothèque, monsieur
Morel. C'est bourré de livres de cul.

- C'est le signe d'une maison de qualité, mademoiselle.

- Cet ouvrage est assez rare. C'est le Manuel d'érotologie classique de
Friedrich-Karl Forberg. C'est un peu chiant mais instructif.
Vous connaissez ?
Elle montrait un vieux bouquin, relié pleine peau.
- Saviez-vous, par exemple, que certains jeunes gens, à Rome, portaient continuellement
des gants pour soustraire leurs mains au soleil et les adoucir, à l'usage des riches libertins ?
Morel eut une petite moue d'appréciation ironique. Décidément, avec son petit ton pédant
et son air supérieur, cette sainte nitouche le faisait bander.
- Expliquez-moi, Donia. Ça vous excite de vous déguiser en bonniche ? (Il la sentit tiquer.)
La baronne m'a dit que vous étiez sa nèce.
- Sa nièce ? Quelle grosse pouffiasse celle-là, toujours en train de raconter des salades !
Non, je ne suis pas sa nièce, monsieur Morel. La baronne est une amie de ma mère.
Enfin, amie, c'est beaucoup dire. Elles se sont rencontrées au lycée, mais elles sont,
l'une et l'autre, trop vicelardes pour se faire des amies. La baronne adore s'entourer de
"jeunes filles cultivées", comme elle dit. Je suis du cercle, mais je commence à en avoir
ma claque, pour vous dire la vérité. Et en attendant, vous, je vous trouve lourdingue.


La Baronne n'aime pas que ça refroidisse, Philippe Bertrand, La Musardine
en vente à la librairie et sur le site internet